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Mignonne, allons voir si la rose
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté."Pierre de Ronsard"
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Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!
Charles Baudelaire
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Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ;
Son vol éblouissant apaisait la tempête,
Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.
- Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?
Lui dis-je. - Il répondit : - je viens prendre ton âme. -
Et j'eus peur, car je vis que c'était une femme ;
Et je lui dis, tremblant et lui tendant les bras :
- Que me restera-t-il ? car tu t'envoleras. -
Il ne répondit pas ; le ciel que l'ombre assiège
S'éteignait... - Si tu prends mon âme, m'écriai-je,
Où l'emporteras-tu ? montre-moi dans quel lieu.
Il se taisait toujours. - Ô passant du ciel bleu,
Es-tu la mort ? lui dis-je, ou bien es-tu la vie ? -
Et la nuit augmentait sur mon âme ravie,
Et l'ange devint noir, et dit : - Je suis l'amour.
Mais son front sombre était plus charmant que le jour,
Et je voyais, dans l'ombre où brillaient ses prunelles,
Les astres à travers les plumes de ses ailes."Victor Hugo"
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- En croyant à des fleurs, souvent on les fait naître.
Edmond Rostand - Une fleur est écrite au bout de chaque doigt et le bout du chemin est une fleur qui marche avec toi.
Tristan Tzara - Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches et puis voici mon coeur, qui ne bat que pour vous.
Paul Verlaine
44 commentaires - En croyant à des fleurs, souvent on les fait naître.
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Méditation.
Virginité du cœur, hélas ! si tôt ravie !
Songes riants, projets de bonheur et d'amour,
Fraîches illusions du matin de la vie,
Pourquoi ne pas durer jusqu'à la fin du jour ?
Pourquoi ?… Ne voit-on pas qu'à midi la rosée
De ses larmes d'argent n'enrichit plus les fleurs,
Que l'anémone frêle, au vent froid exposée,
Avant le soir n'a plus ses brillantes couleurs ?
Ne voit-on pas qu'une onde, à sa source limpide,
En passant par la fange y perd sa pureté ;
Que d'un ciel d'abord pur un nuage rapide
Bientôt ternit l'éclat et la sérénité ?
Le monde est fait ainsi : loi suprême et funeste !
Comme l'ombre d'un songe au bout de peu d'instants,
Ce qui charme s'en va, ce qui fait peine reste :
La rose vit une heure et le cyprès cent ans.
Théophile Gautier.
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La harpe de madame de Genlis
Rosemonde GÉRARD ROSTANDRecueil : "Féeries"Comtesse aux yeux dorés, je l’ai toujours connue
Cette harpe ; elle était près de votre portrait,
Chez mon père ; et, déjà, sa langueur ingénue
Faisait un peu semblant de garder un secret.Cette harpe, elle avait orchestré votre vie ;
Et, confidente d’un roman cher et fatal,
Elle savait si votre fille Pulchérie,
Par les soins de l’amour, avait du sang royal ?Cette harpe, elle avait, sur ses cordes légères,
Conservé tous les noms des danseurs éphémères
Qui vous environnaient d’un éternel désir ;Et, quand on la regarde, on croit parfois entendre
Un arpège qui va, silencieux et tendre,
De vos premiers serments à vos derniers soupirs.
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